De Clémence (Loire Atlantique) : Bonjour, votre 335 H4C/D est-elle adaptée pour la maroquinerie ? Mon objectif de créer mon atelier de fabrication en petite maroquinerie et sac, en cuir principalement.
M & S : Effectivement, la 335 C/D est destinée à la maroquinerie et celle-ci permet aussi un bordage parfait ce qui ajoute à son intérêt. Celle-ci est déjà réservée mais en fonction de l’échéance à laquelle vous aurez besoin d’une machine, peut-être pourrons-nous vous en préparer une spécialement.
Concernant la machine que je recherche, je peux vous en dire un peu plus. Je n’ai jamais travaillé avec une machine professionnelle en maroquinerie (je n’ai fait que de la couture main). Je me fis donc uniquement aux conseils de ma formatrice, à savoir, pour elle, les caractéristiques « idéales » et l’équipement nécessaire pour le travail de maroquinerie :
– machine à piquer le cuir canon : PFAFF 335 (H2 ou H3) ou ADLER 069 (occasion) OU machine à piquer le cuir canon: PFAFF 335 G ou Adler 169 (neuf)
– équipée d’un moteur positionneur en 220V
– bâti ouvert ou déporté (ouverture de la table)
– équipée d’un guide escamotable
– tablette de confort (pour la transformer en machine plate)
– lumière
– pied entraîneur et pied de biche étroit (permettant au guide de s’approcher à 2,5mm de l’aiguille) + en option : un jeu de pied inversé étroit et un ensemble pied cavalier
– plusieurs canettes
M & S : Voici nos observations :
Première chose, les modèles cités sont tous à triple entraînement. S’il est souvent souhaitable, ce mode d’entraînement n’est pas indispensable pour la maroquinerie et la couture du cuir en général.
Couture de cuir sans triple entraînement : dans le sens de lecture, couture lourde avec une Adler 5-8 simple entraînement, une Adler 4-1 simple entraînement, une Pfaff 25-10 C/D simple entraînement puis dessous assemblage double couture avec une Adler 268 double entraînement (griffe et roulette active), couture zigzag Pfaff 238 simple entraînement et enfin Pfaff 141 double entraînement (griffe et aiguille) pied-roulette.






Pour décoder la référence d’une ancienne PFAFF...
Pfaff 335 H2 = passage sous pied 9 mm, H3 = 13 mm et H4 = 16 mm. Attention, pour utiliser un jeu de pieds passepoil de plus de 6 mm, H3 ou H4 sinon utilisation impossible.
Critères Pfaff supplémentaires :
A matières légères (aig. 55 à 90),
B matières moyennes (aig. 90 à 110),
C matières mi-lourdes (110 à 140), C/D matières mi-lourdes (120 à 180), D matières lourdes (aig. 160 à 200).
On devine que le triple entraînement n’a rien à voir avec la « force » de la machine.
Une machine A ou B ne pourra pas coudre avec du gros fil et une grosse aiguille et une machine C ou D ne coudra pas avec du fil fin, sauf préparation spéciale (voir nos recréations).
S, stoff en allemand donc toile, vitesse plus élevée avec petit volant, griffe crantés et souvent cinématique de griffe à 4 temps.
L, leder en allemand donc cuir, volant plus grand et griffe lisse.
Avec Adler (devenue Dürkopp-Adler après 1991), c’est la sous-classe qui décrit la destination de la machine. Le modèle 69 est un canon triple entraînement et la sous-classe » -373″ désigne une machine mi-lourde qui est parfaite pour la maroquinerie, plus « charpentée » que la Pfaff 335 C. Comme pour tous les modèles Adler et D-A, bien identifier la sous-classe est essentiel pour valider qu’elle correspond à l’usage prévu. Toutes les 69 ne sont pas idéales pour la maroquinerie. D-A 69-37 toujours construite, prix > 4000€.
Dans le créneau « premium » > 4000€ on pourrait ajouter la Juki avec le modèle DSC-245 ou la D-A 669 Eco.
Attention ! La D-A 169 comme la Pfaff 345 ne sont pas des canons étroits. La Juki LS-1342 idem.
Pour la maroquinerie artisanale, exclure impérativement le coupe-fil et les points d’arrêt automatiques, inutiles et sources de pannes potentiellement ruineuses et surtout possiblement paralysantes jusqu’à réparation.
Les modèles cités jusque-là sont des « premium » qui vous donneront toujours satisfaction, c’est indiscutable. Ils ont toutefois un prix compris entre 2.500 et 4.500 € sans accessoires (tablette, guide escamotable…) ce qui représente un budget que tout le monde n’a pas car s’y ajoutent idéalement une pareuse, une refendeuse et autres.
Sans ce budget, il reste :
– les marques secondaires
– l’occase
– d’autres types de machines très efficaces mais moins complexes et moins coûteuses à double et même simple entraînement.
Mais c’est un autre sujet et donc un autre article à venir…
Positionneur. Avant d’en parler, il faut parler de moteurs. Moteurs à charbons même récents (Ocel-Moretti) et moteurs à embrayage sur des machines anciennes ou bon marché : à remplacer impérativement car pas du tout adaptés à la maroquinerie qui demande de la précision et une bonne force de pénétration à basse vitesse.
Généralement appelé « moteur électronique à économie d’énergie », le moteur à courant continu et aimants permanents est devenu indispensable : couple maxi dès la basse vitesse (force de pénétration +++), bon contrôle de la vitesse.
Il existe des bons et des mauvais moteurs à courant continu et aimants permanents. De série, ces servomoteurs sont assez « secs » avec une vitesse mini pas forcément assez basse. C’est pourquoi nous préparons nos moteurs. Chaque constructeur de moteur a son standard donc trouver une petite poulie de remplacement pour abaisser la vitesse mini n’est pas évident du tout. Nous fabriquons nos poulies adaptables.
Pour revenir au positionneur, il est effectivement intéressant mais seulement s’il est couplé à un moteur à courant continu. Sur un moteur à embrayage c’est un montage ancien (Efka variostop ou Rotan Quickstop etc), il faudra le remplacer à la première panne car économiquement irréparable.
Les moteurs électroniques Efka sont par ailleurs excellents mais particulièrement difficiles à programmer et donc à optimiser. Coût élevé 800 à 1.500 € hors installation.
Guide escamotable (ou suspendu). Accessoire indispensable pour couture parallèle au bord d’un médaillon ou d’une patte. Il doit être bien rigide. Pied presseur à 1 demi semelle » gauche » indispensable pour pouvoir coudre au ras.
Les machines neuves ou récentes reçoivent ce type de guide qui se fixe soit directement avec 2 vis soit avec une bride qui est une plaque de raccordement.
Sur les machines non prévues pour cet équipement, il faudra percer le corps de la machine, le tarauder (créer un filetage) et éventuellement fabriquer une bride pour pouvoir fixer le guide correctement.

Pour le reste des critères de votre formatrice, OK ! Bonne journée !
Max & Shed